mardi 11 février 2014

TOP GUN décortiqué, 3ème partie et fin - "Renseigne-moi, Goose ...!"


“Renseigne-moi, Goose …!”
NDLA : dur de trouver des images du film de certaines scènes, ne m'en veuillez pas, j'ai pioché au mieux des photos pour illustrer mon propos ;)

Dernier gros morceau du film, la bataille finale. Le fait qu’on envoie les 3 meilleurs équipages de la dernière promotion Top Gun participer à une opération est assez étrange. Ils n’appartiennent pas au même escadron, ne sont pas affectés sur le même porte-avions … Une escadre embarquée est composée d’escadrons dans lesquels sont affectés des pilotes, comme sur toute base aérienne. Que Maverick retrouve Merlin, soit. C’est son bâtiment d’origine, c’est donc logique. Mais que viennent faire Iceman, Slider, Hollywood et Wolfman à bord ? Les gars qui sont affectés là d’habitude sont trop glandus pour être envoyés sur cette mission spéciale ? Pas très logique tout ça.

Catapultage d'un Tomcat depuis le CVN-73 USS George Washington en 2004
Au début, Iceman et Hollywood (avec leurs RIOs hein, Slider et Wolfman donc) sont envoyés en premier. Maverick est en Alerte 5, c’est à dire que son appareil est susceptible d’être en l’air en 5 minutes. Il est donc placé sur la catapulte, moteurs tournant, prêt à partir.

Un F-14 configuré pour l'attaque au sol. Surnommé "Bombcat", cette diversification
du rôle d'origine du Tomcat lui a permis de demeurer en service jusqu'en 2006
(il était à l'origine un intercepteur destiné à détruire à très longue distance les
formations de bombardiers anti-navires Soviétiques)
Mais là, gros hic ! Au lieu de 2 MiG-28, nos 2 F-14 tombent sur 6 d’entre eux ! Et là, plus question de s’amuser, si on engage, c’est pour friter. Les missiles sont chauds, les pilotes aussi. Voilà donc nos 2 experts Topguniens à 1 contre 3. Les règles d’engagement étant ce qu’elles sont, les Tomcat ont dû attendre d’être à portée visuelle des appareils adverses afin d’assurer l’identification (ces règles étaient notamment employées au début de la guerre du Vietnam. Les pilotes des premiers F-4 Phantom en ont fait les frais puisqu’ils n’avaient que des missiles et pas de canons et donc, une fois à courte portée, tintin pour tirer quoi que ce soit puisque trop près … Bref, j’y reviendrai dans un autre article) et de fait se retrouvent dans un dogfight effréné. Mais après tout, ils viennent de finir sur le podium de la meilleure école de combat aérien du monde !

Le Tomcat de Wolfman et Hollywood après une indisgestion
de missile air-air
Ce qui devait arriver arrive et l’appareil de Hollywood et Wolfman est touché par un missile ennemi. Ils sont contraints à l’éjection et vont se balader sous la soie.





Un MiG-28 avant suppo' ...
Iceman est à 1 contre 6, ce qui peut être qualifié de situation “pas top du tout”. Le Flight Boss décide donc d’envoyer l’Alerte 5, à savoir : le Tomcat de Maverick et Merlin qui arrive sur les lieux peu de temps après. Sur ces entrefaites, les catapultes du bord tombent en panne et donc impossible de lancer un autre appareil. Suit le coup de flip de Maverick qui fait mine de rentrer et finalement reprend ses esprits et sauve la mise à Iceman. A eux 2, ils abattent 4 MiG et forcent les 2 autres à se retirer. Tout le monde retourne au porte-avions, on retrouve Hollywood et Wolfman qui viennent d’être repêchés et débarquent de l’hélico de sauvetage. Tout le monde est content, Maverick et Ice deviennent super potes, youpi.

Copains pour la vie, c'est pas choupi ça ?
Vous vous en doutez, plusieurs chagrinisations viennent ternir cette scène épique et héroïque (sinon j’en n’aurais pas parlé …).

Premièrement, il n’est pas logique qu’il n’y ait pas déjà d’autres Tomcat en l’air. Ceux qui décollent dans la scène sont censés couvrir l’opération de sauvetage du navire en perdition et sont donc taskés sur une mission bien précise. Quid de la protection du porte-avions et de son groupe de combat ?! En temps normal, au moins 2 F-14 auraient déjà dû se trouver en BARCAP (BARrier Combat Air Patrol ou patrouille de combat aérien avancé) loin en avant du bâtiment et de son escorte. Ils auraient donc pu et dû être utilisés en renforts prioritaires ! Mais là, personne n’a l’air d’y avoir pensé … 

En outre, au départ, les Américains ne savent pas ce qu’ils ont en face comme présence ennemie. Mettre un seul appareil en Alerte 5 est un peu léger je trouve ! Le standard était 2 avec 2 autres prêts à être placés sur les catapultes.

Voilà ce qu'on aurait dû voir sur le pont d'envol ...

Voilà un dogfight bien velu ! Vous noterez que sur ce plan
il manque 2 MiG-28 à l'effectif total !

Ensuite, ayant pris connaissance du nombre de chasseurs ennemis, le Flight Boss aurait dû lancer l’Alerte 5 immédiatement. Il ne le fait qu’après la perte d’Hollywood. Et donc 1 seul appareil quitte le bord … On se retrouve dans la même configuration que l’on avait au début de l’engagement : 2 contre 6. Pas très adapté comme envoi de renforts …

Sur ce, Maverick annonce qu’il est en supersonique et qu’il sera là très vite. Je n’avais pas remarqué (et pourtant je l’ai vu une trentaine de fois ce film !), mais quelqu’un sur un forum a pointé du doigt le fait que Maverick parcourt 180 nautiques (environ 300km) en 60 petites secondes ! Qu’est-ce qu’il a bien pu coller dans les réservoirs de son Tomcat pour qu’il tape le Mach 3 comme une fleur ?! Bref, la vitesse de pointe du F-14 en configuration optimale étant de Mach 2.34, on ne peut que constater le nimportequoitisme de cette séquence.

Un Tomcat en supersonique. Le halo blanc est l'onde de choc sonique
qui peut prendre cette apparence dans certaines conditions météo.
Vue du dessus du pont d'envol d'un porte avions US
typique. Les rails des catapultes sont les lignes noires
à l'avant et sur la gauche du bâtiment.
Et là, grosse ficelle du scénariste, un officier de la salle d’ops annonce au Flight Boss une panne de catapulte ! Impossible de lancer un autre appareil pendant au moins 10 minutes ! Si j’avais été le Flight Boss, le gars se serait mangé une bouffe derrière la tête et aurait dû me confirmer s’il me prenait pour un abruti ou pas. Un porte-avions américain dispose de 4 catapultes à vapeur indépendantes ! La panne totale relève donc de l’absurde. A moins qu’on se trouve face à une mutinerie des opérateurs, mais là on va chercher loin ... Ou alors c'est que le pont d'envol est encombré, mais dans ce cas, je félicite pas le personnel de quart qui se loupe de la sorte en pleine opération.


L’engagement en lui-même est assez simpliste, mais bien rythmé et filmé. Bémol cependant concernant les dégâts subis par l’appareil d’Iceman. Celui-ci prend par 2 fois une volée d’obus de 20mm dans la nacelle du moteur droit. Le F-14 est solide, certes, mais les impacts auraient dû arracher de bons morceaux de fuselage, pas juste percer des petits trous dignes d’une mitrailleuse d’il y a 70 ans. Sans aller jusqu’à la destruction totale de l’avion, je pense qu’on aurait dû s’attendre à pire.

Reste le retour sur porte-avions. Que fait le chef contrôleur de la base de Top Gun à bord du navire ?! Encore un transfuge. A croire que ce bâtiment était à l’origine peuplé de gros nases incompétents pour que la Navy décide ces mutations en masse dès que la situation chauffe un peu !

Mais revenons sur Hollywood et Wolfman … Ils sont tombés à l’eau à l’endroit où s’est déroulé le gros du combat, à 180 nautiques du porte-avions, comme je le disais plus haut. L’engagement lui-même a duré quelques petites minutes, comme toujours dans le combat aérien moderne. Nous constatons donc que la Navy nous a caché les performances de ses hélicoptères de sauvetage Sea King ! Ce dernier a décollé au début du combat, a parcouru la distance en un temps record, a récupéré les aviateurs sans qu’ils n’aient le temps de dire “oh là là qu’est-ce qui nous arrive !” et est rentré à fond les ballons à temps pour que nos survivants puissent acclamer les héros du jour ! Concernant cet événement, je crois que nous pouvons conclure par “lol” …!

Le SH-3 Sea King, hélicoptère de sauvetage privilégié de la Navy avant
d'être remplacé par le Sea Hawk dans les années 90-2000
(ce n'est pas la version ultra turbo présente dans le film :) )

Conclusisme (ou épilogance, comme vous le sentez) :

Malgré toutes ces petites invraisemblances, incohérences, nimportequoitances, Top Gun restera pour moi l’un des plus grands films d’aviation au niveau visuel. Rarement on a mis en valeur ces grosses machines aussi bien que le regretté Mr Tony Scott et c’est un film que je revois encore avec plaisir (pas plus tard qu’aujourd’hui d’ailleurs :) ). Si vous ne l’avez pas vu (et avez tout de même lu ces lignes, ce que je ne m’explique pas … :) ), je vous conseille de tenter l’expérience avec un bol de pop corn, vous verrez, il passe tout seul avec ce petit arrière-goût très 80s’ !

J'espère que tout le monde est debout la main sur le cœur en train de fredonner
l'hymne des Etats-Unis ... :)


FOX

PS : finalement, je n’ai pas réutilisé le terme “omniprésent”. Pour ceux qui le cherchaient, le voilà ! ;)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire